Que l’acoustique d’une piscine (ou d’un centre aquatique) est toujours insuffisamment prise en compte, du fait d’un défaut d’insonorisation appropriée, et qu’un tel lieu est ipso facto (trop) mal doté en équipements favorables à l'obtention du confort sonore requis pour un tel lieu est un avis assez largement répandu.

Ainsi, le fameux auteur de romans d’espionnage John Le Carré écrivit-il [1] dans son best-seller «La Taupe», à propos d’un cri de fureur, qu’il « retentit plusieurs fois en écho comme quand on crie dans une piscine».

Il est vrai qu’à la date de publication de ce roman (1974), les précautions prises en matière d’insonorisation pour la qualité acoustique des piscines (et des centres aquatiques) étaient probablement - en bien des endroits - inférieures à ce qu’il aurait été souhaitable qu’elles fussent, et/ou à ce qu’elles sont de nos jours, bien qu’il n’existe toujours pas (au début de l’année 2020) de réglementation particulière applicable en France en la matière.

Il n’est donc pas complètement inutile de souligner que le manque d’insonorisation et de confort acoustique d’une piscine (ou d’un centre aquatique) n’est pas une fatalité, mais (souvent) la conséquence du manque de connaissances (celles que le l’ingénieur en acoustique ou le technicien en insonorisation peuvent partager, s’ils sont mis à contribution dans le cadre d’un projet), d’un manque d’ambition ou d’un manque de moyens des participants à sa construction (parfois: à sa rénovation).

En France (il y est fait référence en tant que NF P 90-207) et en Allemagne (il y est fait référence en tant que DIN 18041) - pour ne parler que de ces 2 pays -, une norme (différente) fixe - en fonction du volume, et en considérant les bandes d’octave de fréquence centrale comprise (au minimum) entre 125 Hz et 4000 Hz - des durées de réverbération limites(chacune: avec des formulations différentes) pour les salles sportives (parmi lesquelles: les piscines et les centres aquatiques).

Pour ce qui est de la France, s’il n’est pas d’application obligatoire, il est loisible de considérer que le document normatif mentionné plus haut, dont les spécifications sont - pour tout ou partie - reprises dans différentes publications se rapportant à l'isolation acoustique des bâtiments, intitulées «guides;», fait suffisamment sens d’un point de vue technique (étant d’ailleurs l’objet d’un large consensus parmi les professionnels de l’acoustique et de l’insonorisation) pour pouvoir utilement baser la définition d’objectifs en matière d’acoustique d’une piscine ou d’un centre aquatique.

Reste la nécessaire définition de moyens propres à la satisfaction des objectifs.

A l’évidence, le sol d’une piscine ou d’un centre aquatique (et, le cas échéant: les gradins) ne constitue(nt) pas un ensemble de surfaces vis-à-vis desquelles l’acousticien peut exercer sa bienfaisante influence au profit des usagers (et des personnels qui y exercent leur activité professionnelle), les circulations et les plages entourant les bassins remplis d’eau ne pouvant être autrement que carrelées: toutes ces surfaces (y compris: aqueuses) ne valent guère mieux les unes que les autres en terme d’absorption des sons puisque le coefficient d’absorption acoustique est toujours de l’ordre de 0.01 i.e. 1% [2]aux fréquences médium et aigues [3].

Heureusement, il n’en va pas de même pour d’autres ensembles de surfaces, au niveau desquelles il est possible d’envisager le positionnement de matériaux absorbant significativement les sons (l’indice d’absorption acoustique [3] pouvant atteindre des valeurs de l’ordre de 0.90 i.e. 90 % voire 1 i.e. 100 % [3]:

  • au niveau de la sous-toiture :

Dans le cas de projets de piscines ou de centres aquatiques contemporains, il est possible d’envisager pour la toiture des systèmes constructifs ayant (vis-à-vis de l’intérieur du bâtiment) de bonnes propriétés d’absorption des sons (des progrès qualitatifs considérables ont été observés ces dernière années pour ce qui est disponible sur le marché).

Si l’on n’y a pas recours, ou dans le contexte de rénovations, il est possible d’envisager la mise en œuvre d’éléments absorbants suspendus, sous la forme de panneaux de plafond (posés à l’horizontale ou bien sous rampant), ou de baffles (parfois désignés, on ne sait pourquoi par l’expression «capteurs acoustiques») verticaux ou non.

Dans tous les cas, la toiture constitue un gisement important de surfaces disponibles pour l’implémentation de dispositifs d’insonorisation.

  • au niveau des murs :

Plus ou moins indépendamment de la période de construction initiale considérée, il est possible d’envisager pour les murs la mise en œuvre de matériaux justifiant d’une bonne absorption sonore.

Bien sûr, il faut exclure les portions de murs d’enveloppe dédiés à l’éclairage naturel et à la vision vers l’extérieur (baies vitrées), dont l’emprise peut être - compte tenu de certains partis pris architecturaux - très conséquente dans le contexte de certains projets, et les cloisonnements internes non opaques, mais (selon le cas) vitrés ou ajourés (séparations vis-à-vis de bureaux, de l’infirmerie, d’un espace de restauration ou de détente) ainsi que les portes et communications vers des locaux contigus.

Qu’il s’agisse de long pans, de pignons, de cloisons, de garde-corps (pleins) de balcons ou d’ouvrages en encorbellement: la praticité de toutes les surfaces (parfaitement verticales ou inclinées) vis-à-vis de l’installation de revêtements de correction acoustique (limitation de la réverbération) doit être minutieusement passée en revue.

Cela est indiqué parce que l’insonorisation (i.e. le traitement acoustique) des murs est nécessaire à l’homogénéité de répartition des matériaux absorbant les sons entre plans en regard délimitant l’espace (souhaitable, cette homogénéité n’est jamais parfaite - sauf dans une salle anéchoïque - du fait de l’impossibilité de modifier favorablement l’absorption acoustique du sol en général, et dans le cas d’une piscine ou d’un centre aquatique en particulier, comme déjà mentionné).

Cela est aussi indiqué parce que c’est là (et rarement ailleurs, sauf parfois en sous-face de passerelles ou de plateformes)que peuvent être installés des systèmes constructifs avec une performance acoustique renforcée aux fréquences d’intérêt les plus basses, qui peuvent alors utilement compléter celle (en général: majoritairement en plus haute fréquence) associée à la mise en œuvre de matériaux au niveau de la sous-toiture.

Pour limiter la réverbération et le bruit associé, ITS a participé à un projet d’insonorisation pour l’amélioration de l’acoustique d’une piscine (centre aquatique), dans la région Auvergne-Rhône-Alpes (France).

Il s’est agi de mettre en œuvre, en sous-face d’une passerelle et au niveau de murs longitudinaux, des revêtements absorbant les sons, principalement en basse et moyenne fréquence, constitués de plaques perforées (lames ajourées)installées à l’avant d’un garnissage en fibre minérale avec un voile anti-défibrage.

Les mesurages de temps (durée) de réverbération réalisés avant cette opération avaient permis de mettre en évidence le déficit de la piscine (centre aquatique) en matériaux absorbant les sons, et avaient déclenché l’action.

Les mesurages de temps de réverbération réalisés après travaux d’insonorisation ont permis de valider l’amélioration de l’acoustique de la piscine (centre aquatique), au terme d’une processus d’ingénierie vis-à-vis duquel le dimensionnement de systèmes constructifs appropriés (résonnateurs à plaques perforées avec fentes) aura constitué une étape clé, pour laquelle le Module 2 du logiciel de simulation acoustique SILDIS® (développé et commercialisé par ITS) a été particulièrement utile.


[1] au début du chapitre 27 [2] sur une échelle de 0 à 1 i.e. de 0 à 100 % [3] là où les émissions sonores se rapportant à la voix humaine (parole, cris) sont maximales